Mes One - shot

Voilà par ordre chronologique mes One-Shot. J'espère qu'ils vous plairont, non pas tous mais au moins un.




















Edeline


-           La magnifique Edeline. Veuillez montrer respect. 

Elle en avait plus que marre de ce protocole ennuyeux. Dès qu’elle entrait ou sortait d’une pièce, elle devait se faire annoncer, et que chacun « rende grâce à sa beauté ». Comme si elle aimait ça ? Depuis maintenant 4 ans elle statuait en tant que reine, dire qu’elle attendait ça depuis si longtemps.

Aujourd’hui, elle faisait audience, recevant les braves gens pour entendre leurs plaintes. Elle n’avait droit qu’à ça des plaintes, jamais de remerciements. Ce statut n’était vraiment pas fait pour elle. Elle rechignait et cogitait dans son coin, ne faisait pas vraiment attention a qui passait devant ces yeux, écoutant distraitement les dires de ses sujets.

Elle en été à philosopher sur Dieu, quand elle vit qu’il était là. Tout de suite, elle se redressa, essayant de se mettre le plus en valeur possible.

-          Le serf Garwin. Porte parole du village Est de la Sarsagne. Il vient parler des problèmes de sécurité. 

Edeline se fichait complètement de la sécurité, pensant juste que Dieu n’était pas si injuste que cela, vu que le si beau et charmant Garwin était un porte-parole qui ne venait pas assez souvent, d’après elle, au palais. Elle continuait de fixer ce beau jeune homme, regardant bouger ses lèvres avec avidité et envie. Et tout en lorgnant ce corps, des interdits se bousculer dans sa tête.

« A quoi me sert de rêver de lui chaque nuit à présent ? Depuis toujours je sais que je suis amené à épouser un riche seigneur qui m’aidera de son mieux dans mon exercice. Un serf, quelque soit son statut ne peux venir vivre au palais, et encore moins devenir mon époux.
Pourtant, il est si parfait, et quand il parle avec ce regard … je suis sur que tous les soldats le suivrai aveuglément. C’est un homme de parole et de bien. »

La séance continuait pendant se temps, personne ne percevait le trouble intérieur de la matriarche.

« Le royaume est grand, je devrai pouvoir trouvait un homme qui correspond mieux à mon rang et qui est la même étincelle que Garwin ? Mais j’ai déjà vu les principaux seigneurs, et aucun ne me correspond. Dieu tout puissant, vous devez vraiment vous amusez de mon sort !
Dois-je vraiment choisir entre le royaume que m’a confié ma mère, et mon cœur qui saigne avidement pour l’amour d’un homme sans héritage ? »

Les gens du peuple attendaient avec plus ou moins de patience leur tour. Garwin avait fini de parler, et s’était mis sur le côté attendant le jugement de la Reine Edeline, la magnifique. Elle sortit de sa transe, et prit une rapide inspiration. Elle entendait la voix de son conseiller lui rappelait les points du discours de Garwin.
Elle alla parler et fit un signe de tête au crieur. Encore un protocole stupide.

-          La reine va rendre son verdict, écoutez sa parole.
-          Je suis très outré par ce que je viens d’entendre,
-          C’est ça, fou toi de notre gueule !

Elle sursauta, qui avait parlé ? Que se passait-il ?
Elle vit un homme ressemblant à une taupe se précipiter vers elle, un choc la fit reculer sur son trône. Garwin qui fut le plus rapide, s’était affalé sur ses genoux, un couteau dans le bas ventre. Il perdait son sang, et elle voulu l’aider.
Ses gardes en avaient décidé autrement, dans le tumulte de la peur, ils la firent sortir par une porte à la dérobée, l’homme taupe était par terre, en joug des soldats.

Elle se retrouva dans ses appartements, à pleurer de peur et de douleur. Qu’était il arrivé de son si beau Garwin ? Quand elle été partie, elle n’avait eu le temps de l’entendre murmurer de faible paroles.

-          Tu n’as rien, c’est l’essentiel.

« Est-ce vrai ? L’a-t-il vraiment dit ? Ai-je rêvé ? Si ce n’est pas le cas, je sais maintenant qu’il tient à moins encore plus que ce que son acte le prouve. Cher Garwin, je ferai tout pour te faire accepter auprès de moi. »

Au lendemain, quand une nouvelle instance commença, elle prit nouvelle.

-          Qu’est il advenu du manant ?
-          Il est en prison en attendant votre venue pour sa mort, majesté.
-          Et l’homme qui m’a secouru ?
-          Il a disparu, majesté. Personne ne l’a revu.

Edeline ne fit pas plus de commentaire et continua sa journée, demandant tout de même à ce que Garwin soit recherché.

-          Pour lui faire par de mes remerciements.

Mais personne ne le retrouva, et personne ne le vit plus. Edeline épousa un seigneur puissant et fort peu charmant, mais qui plaisait au peuple. Elle pensait souvent à cet homme si brave qui hantait ses rêves chaque nuit, et qui aurait pu être sien si elle avait choisi plus rapidement entre son cœur et sa conscience.
 



Passion dévorante

Comme chaque jour je me réveille l’esprit encore embrouillé, ne sachant plus si je suis dans mon rêve ou dans la réalité. Songe inexpliqué, je le retiens de partir, concentré à méditer sur les signes qu'il me décrit. Les couleurs, les gens, les événements que mon esprit m'a montré, toujours avec brio, me charme comme jamais. Je me remets dans l’action m’attardant sur des fragments brouillés, mon rêve s’éteint avec le temps qui passe et j’essaye de le convaincre de rester. Monde édulcoré, aux couleurs et aux sons trompeurs, où la vie insoumise défile devant nos yeux fictifs sans que l’on ne retienne vraiment les détails qui la caractérise. Folie et bonheur y cohabitent avec plaisir.

Rêve réveillé aussi je te connais, lors d'une pause café ou d'un moment de détente dans la journée, je me tourne vers mon univers intérieur, créant des folles pensées d'être merveilleux qui ne vivent que pour et par moi. Je ne pense très vite plus qu’à ça, imaginant mille possibilités, rayant et retraçant à nouveau un destin incomplet, fantasmé qui voile mon monde des réalités. Le soir, je trompe mon addiction par des ersatz, univers pré-préparé que sont les films et les séries télé, mais mon inspiration revient au galop, superposant mes pensées par-dessus la trame scénaristique sans même que je lui ai demandé.

Bientôt, le rêve fait partie intégrante de ma vie, de mon univers, ses êtres merveilleux deviennent mes compagnons de tous les temps, déesse je deviens, commandant l’univers tout entier de mes mains. La réalité se ternit pour moi, trop carrée et limité, trop dure pour mon esprit lunatique qui ne veut se poser que sur les nuages de la pensée. Je m’enferme, ne sors plus, aspirant à rêver tout mon saoul qui n’est jamais contenté. Mon corps se rebelle, restant éveillé, vif et à l’écoute de son environnement, mais je continue de me forcer, dormir deviens une priorité.

La vie n’est elle pas la plus belle, quand il s’agit d’une vie rêvée ?

 


Déménagement


Le soleil pointait à peine au dessus des cimes de la forêt de chasse, tandis que le cortège de servants et de nobles partait du château. Brinwen lança un dernier regard embué vers les tourelles et corridors qui l’avaient accueilli pendant toute son enfance. Mais déjà, il lui fallait tourner à nouveau la tête, son destrier demandant commande pour suivre son prédécesseur plus assidument.

Les jours défilèrent aussi bien que le paysage, la jeune femme avait depuis longtemps arrêter d’imaginer ce à quoi pourrait ressembler sa nouvelle demeure. Son père le conquérant l’attendait là-bas, organisant la vie à sa convenance auprès de ses nouveaux sujets, avec sans doute de nouvelles idées de victoire sur ses voisins.
D’un souffle fatigué, tentant vainement d’empêcher de si mauvaises pensées de l’accabler, Brinwen se concentra sur l’avancée de la procession. Elle fut surprise de constater que celle-ci avait faibli, pour finir par s’arrêter, en même temps que l’arrivée, à portée de voix, d’un groupe de chevaliers portant ls armoiries de leur nouveau voisin. Ils se présentèrent, l’épée au fourreau, en bas de leurs montures, montrant leurs intentions pacifiques. Celui qui était leur voix annonça :

« Je me présente devant vous car j’ai ouïe dire que la fille du Seigneur Clancy, vainqueur de notre précédent voisin, fera voyage par ici. Cette rumeur est elle fondé ? Si c’est le cas, je demande devant témoin qu’elle accepte d’écouter les quelques souhaits que mon bien aimé Seigneur Darren lui adresse. »

La chose était bien dite, si bien agencée que Brinwen en fut charmé. Enfin un homme de guerre et de respect pensa t –elle. Faisant fi des conseils que s’échangeaient ses gens, la jeune femme fit sortir sa jument du rang et s’avança vers le messager.

« - Vous cherchez la descendante de Clancy, vous la voyez ici même. Je prends la décision d’écouter vos paroles, sans l’approbation de mon père, sachez déjà qu’aucune promesse ne franchira mes lèvres à la fin de notre conversation.
-    Nulle promesse alors noble dame. Un conseil, plutôt une requête tout au plus. La réputation, et surtout les actions de votre père le précèdent dans nos contrées paisibles. Les disputes de clans sont depuis longtemps apaisées, mon seigneur et ceux des alentours souhaitent que celle-ci perdure, mais la venue de Clancy nous laisse présumer le pire. Vous qui êtes sa chair et son sang, puissiez le convaincre de stopper sa conquête frénétique. Ses talents de guerrier et de meneur ne sont plus à prouver, puisse t –il apprécié suffisamment les terres qui sont déjà siennes et laisser les notre en paix. Voilà le message de Darren. Je vous le confie, vous seul jugerez de son importance et de sa valeur. Mon devoir ainsi rempli, je me permets de prendre congé en vous souhaitant à tous bon voyage et que la chance vous accompagne. »

Sans perdre de temps, le chevalier fit signe à ses compagnons, enfourna sa bête et parti suivi de sa troupe vers l’horizon qui les avait vu apparaître. Brinwen, bien qu’un peu blessé dans son orgueil reprit sa place dans la procession, les lèvres scellées, elle fit signe de repartir d’un coup d’œil discret à leur guide. Le silence pesant qui avait découlé lui laissa libre cours à la réflexion, qui dura jusqu’à l’arrivée, une semaine plus tard, à leur nouvelle résidence.

Tandis que l’on déchargeait les malles et autres bagages, Brinwen après s’être rapidement rafraichi, pris audience auprès de son père.
« - Voilà mon enfant ! Joie de te voir apporter la lumière en ces murs qui vit ton père arracher victoire. Le voyage fut il agréable ? Mes nouvelles acquisitions te plaisent ? Le coin est fort sympathique. »
Cette dernière phrase fut prononcée, un sourire carnassier habitant ses lèvres alors que celles de Brinwen se crispaient. Son parent reprenant souffle avant une nouvelle tirade, la jeune femme en profita pour lui couper parole, encourant elle le savait, mainte remontrances à suivre.
« - Il est vrai que le château est fort agréable et j’eus plaisir à contempler les collines et forêts qui peuplèrent notre expédition. Il me semble néanmoins que les splendeurs que j’ai pu voir suffiront à mon cœur jusqu’à temps qu’il ne cesse de battre.
-    Quelles sornettes me dis-tu là ? Ton esprit est il si faible qu’il suffise d’aussi peu d’espace à le remplir ? Sottise ! Le mien voit bien plus grand que ton pauvre cœur de femme craintive, il appelle de toute sa force à prendre au creux de ma main toute la gloire des terres qui nous entourent et celles encore plus loin.
-    Mon père est il si peu comblé de ses possessions qu’il lui faille courir de nouveau par mont afin de le rassasier ?
-    Qui oses-tu juger ainsi ? L’homme à qui tu dois vie et abondance, celui là même qui prépare pour tes vieux jours luxe et majesté ? Ta jeunesse et ta candeur n’excuse pas tes mots infâmes ! »
L’homme virulent s’était levé, se gonflant de tout son fiel qui s’approchant de sa fille unique, ponctua sa dernière diatribe par un soufflet retentissant. Brinwen choqué et malheureuse tomba à ses pieds, tandis qu’elle portait une main à sa joue meurtrie. Son père loin d’être calmé poursuivi son humiliation.

« Tout ce que tu sais faire c’est mettre genou à terre ? Et bien si tu veux persister sur cette voie, je t’offrirai un aller simple pour le couvent le plus proche. Hors de ma vue à présent ! »

Il se retourna sans plus faire attention à sa fille qui une fois raison revenue se dirigea le plus vite possible vers ses nouveaux appartements.

Les menaces de son père l’ayant refroidi, Brinwen filait droit depuis, pestant intérieurement à chaque conseil de guerre qu’elle voyait s’organiser. Ne pouvant rien faire, elle continuait de filer la laine et de composer des tapisseries comme le voulait la bienséance.
Alors qu’un énième cortège de chevaliers passait les portes du château, la jeune femme se tenait justement à la fenêtre, tentant de s’imaginer une vie où son père serait prêt à l’écouter. Ses pensées révolutionnaires se tarirent rapidement en reconnaissant l’étendard qui appartenait aux nouveaux arrivants. Elle prit sur elle de descendre dans la cour, se mêler d’affaire qui ne la regardait pas.

Les cavaliers touchaient terre, flattant l’encolure des chevaux qui les avait menés à bon port quand Brinwen atteint son but. Elle avait reconnu le même groupe qui les avait arrêté lors de leur déménagement, c’est d’ailleurs sans surprise que le même homme prit la parole pour demander audience.  Ils furent menés devant le seigneur qui les accueilli à grand sourire ironique.

« - Et bien, et bien. Que me vaut cet honneur de vous voir apparaître dans ma cours ?
-    Seigneur Clancy, je viens porter les mots de mon maître, le seigneur Darren votre voisin.
-    Qui a de forts belles terres et veux sans doute les protéger. Est-il si peu sur de sa force qu’il vous envoi, genou à terre. Car s’est cela n’est ce pas, signer paix et alliance entre voisin. Mais j’ai une meilleure idée. S’il est si frileux à protéger ses terres, j’offre à Darren ma protection, à condition que quelques uns de ses villages deviennent mien. Et pour montrer ma confiance et mon bon vouloir, voilà la main de ma fille sienne. »
-  
Fier de sa tirade, il l’acheva en précipitant Brinwen, qui se tenait non loin, au devant du chevalier. Ce dernier dérouté ne put qu’aider la jeune femme à se remettre debout, tout en fixant Clancy.

    « Emmenez là avec vous dés à présent, que votre maître puisse admirer la qualité de mon marché – il se rapprocha de sa fille, qui s’était éloignée du centre de la pièce et lui murmura – Quand à toi, sache que c’est un aller sans retour. Qu’importe la décision de ce couard, ne te remontre jamais sur mes terres ou devant moi, suis-je clair ? »

Elle ne put qu’hocher timidement la tête, tandis que rempli d’hypocrisie, son père lui sourit en lui faisant ses adieux, « parce qu’ils devaient partir dès aujourd’hui ».
Certaines affaires rapidement emballé, les chevaux à peine sellés, Brinwen se retrouva assise sur sa jument sans trop savoir comment, et le cortège parti. Le chef de file s’approcha  d’elle pour lui adresser quelques mots.

« - Ma dame, je vous promets sur mon honneur de tout faire pour vous protéger, soyez certaine que mon seigneur ne vous abandonnera pas. »

Les larmes vinrent se poser aux coins des yeux de Brinwen, les paroles du chevalier rendant tout à coup sa situation bien réelle. Elle reprit un peu de hargne pour le remercier.

« - Nobles mots pour un noble homme. Dire que j’ignore toujours le nom de mon protecteur.
-    Ciannod ma dame.
-    Charitable Ciannod, je m’en remets à vous. »

Il accueillit sa réponse et reparti officier son rôle auprès de ses hommes, laissant la demoiselle pleurer dignement.

Ce second voyage en si peu de temps fut usant pour Brinwen, heureusement pour elle, Ciannod venait la voir le soir durant le repas pour discuter, lui racontant ses terres, son seigneur, sa vision utopique des mondes au-delà des terres et des mers. La jeune femme lui racontait à demi mots, sa passion des chevaux, de la nature sauvage, du bonheur de contempler un troupeau galopant à travers une plaine. Les discussions du soir vinrent déborder sur la journée et bientôt, Brinwen ne décollait plus de Ciannod.
Les souvenirs et passion firent place aux rêves et aux attentes de chacun, tout le monde à part les deux concernés avait vu l’amour qui déjà les liait.

Au matin de leur arrivée au château de Darren, la jeune fille prit enfin compte de ce que son cœur lui susurré, elle voulut en faire part à son chevalier alors qu’il l’aidait à mettre pied à terre.

« - Ciannod…
-    Je sas déjà tes paroles, sache que je les partage, mais j’ai fait une promesse et rien, pas même mes sentiments, ne m’en déferait.
-    Ton ardeur est grande et mon esprit a mit trop longtemps à entendre ce que mon cœur lui soufflait. Mène-moi à notre seigneur, que je puisse agir comme tu l’attends de moi. »

Il lui serra rapidement les mains, lui témoignant une dernière fois sa chaleur, puis la lâcha et conduisit sa troupe jusque devant son châtelain.
Une fois arrivé devant ce dernier, il lui fit par du message de Clancy et finit par se tourner vers Brinwen pour la présenter à Darren. Se faisant, il sourit tendrement à sa belle qui le lui rendit.

« - Mon seigneur, voici Brinwen, la fille de Clancy qu’il vous offre comme si elle n’était qu’un vulgaire objet – ses yeux lançaient des éclairs.
-    Sans vouloir manquer outrage à demoiselle Brinwen, Clancy est un rustre. Si douce personne mérite de meilleurs égards.
-    N’ayez nulle crainte face à l’outrage, mon père ne souhaite plus que ce terme franchisse mes lèvres et je vous prie humblement, de m’accorder asile ou escorte vers un lieu qui répondra en tant que tel.
-    Nul besoin d’escorte, vous êtes la bienvenue. Quand à ces épousailles arrangées, je me dois de les refuser. »

Alors qu’il prononçait ces mots, entra d’une porte à sa gauche, une femme de l’âge de Ciannod, qui après avoir salué d’un rapide mouvement de main la galerie, s’installa à la place de son mari. Les époux échangèrent quelques paroles à voix basse et finalement la dame fit savoir à l’orpheline qu’une chambre lui serait allouée. Elle se mit ensuite à lui faire causette. De son coté, Ciannod convainquit son châtelain de poursuivre le débriefing et le suivit dans une antichambre, loin des oreilles chastes.

La journée passa, ils ne se retrouvèrent que lors du diner, les hommes parlant des préparatifs de la défense à mettre sur pied, excepté Ciannod placé à côté de Brinwen. La jeune femme en profita pour lui demander des explications sur le silence de la condition maritale de son suzerain. Il lui expliqua les faux espoirs et la souffrance injustifiée à propos de son avenir incertain.
Darren n’étant pas loin suivit ‘échange et demanda plus de précision à son vassal, qu’il voyait pour la première fois faire causette à une jeune personne. Cette dernière ne sachant pas où se mettre se concentra sur son repas, laissant les deux hommes discuter de sa vie sans y prendre plus part. Elle ne put donc ni voir les rougeurs sur les joues de Ciannod, ni ses balbutiements en réponses aux questions de son seigneur, qui par ailleurs s’en amusait fortement.

Le repas se finissant, les convives se levèrent pour finir la soirée de manière agréable. Mais avant de passer la porte, guidée par son preux chevalier, Brinwen fut stoppé par Darren qui prit sa main pour la poser sur celle de Ciannod.
Tous comprirent la signification de ce geste, certains échangeaient sourire et murmures, tandis que les intéressés avaient les yeux ronds de surprise. Alors qu’elle allait se lancer dans des explications et autres fuites, Ciannod enferma la main donnée dans la sienne et lui sourit. La jeune femme ne put s’empêcher de le lui rendre.

    « - Tout s’arrange donc, et voilà une raison suffisante de vous faire rester qui scelleront les mauvaises langues.
-    Félicitation ? »

Le seigneur se retira, tandis que son épouse happa Brinwen afin d’organiser le mariage. Le destin incertain qui attendait le fief venait d’être rehaussé par une pointe de joie.

Une semaine passa, temps pour préparer la salle et surtout à coudre la robe. L’aube se levait offrant un beau soleil pour bénir les futurs mariés. La cérémonie avança, le prêtre les consacra et le cor d’alarme sonna.
L’armée de Clancy attaquait.
 




Rencontre Nocturne



La journée touchait à sa fin, Perle finissait de remplir des dossiers, indiquant pour les besoins des assurances, les tests et résultats y correspondant. Une fois son stylo posé, elle s’étira sur sa chaise, tentant tant bien que mal de détendre son dos et sa nuque avant de se lever, prenant les éprouvettes qui n’avait pas encore étaient traitées, elle les rangea et partie pour se changer.

Arrivée dans le vestiaire, elle ôta sa blouse blanche puis la mit dans son casier. La jeune femme en profita pour rapidement inspecter son visage dans la glace collée à l’intérieur de la petite porte. Le reflet lui renvoya l’image d’un visage rond, encore assez proche de l’adolescence, qui ne faisait pas bien plus que 20 ans malgré la fatigue qu’il affichait, accentué par sa coiffure en queue de cheval qui tiré ses longs cheveux brun en arrière, dégageant ainsi son regard d’un beau noisette. La brune essaya de sourire pour se donner des forces après cette journée épuisante, mais l’exercice fini comme toujours par se solder par un échec.

- Alors Perle ? On se retrouve à draguer son miroir ? Ça marche ? T’es sous le charme ?
- Super marrant Greg… je suis morte de rire. Avoues que tu es juste déçu de voir mes charmes user sur d’autres que toi. 
- Ah ! Touché.

Son collègue, père de famille depuis peu, s’écroula contre le meuble qui supporter la machine à café dans une caricature de film comique ratée, une main porté à son cœur de manière théâtrale. Souriant quand même, elle ferma le loquet du meuble après avoir récupérer sa veste et son sac.

- Passe une bonne fin de semaine.
- Quoi ? Mais on est mercredi !
- Oui mon cher, mais je suis de congé jusqu’à lundi prochain. Amusez-vous bien sans moi.
- Fais attention aux racoleurs des boites de nuit.
- Qui te dit que ce n’est pas de moi qu’ils doivent faire attention. 

Après un dernier signe de main, elle quitta la pièce direction la sortie qui la mena au parking où sa voiture l’attendait bien sagement. Le souterrain sombre s’ouvrait sur une fin d’après-midi tout aussi peu éclairé, l’hiver laissait peu de temps au soleil pour se faire voir. La jeune femme partie directement en direction de la maison, pressé de pouvoir se détendre dans un siège confortable, à la différence de sa chaise au labo.


Sa voiture garé à une place pas très loin de chez elle, Perle enfila sa veste sur son siège, trop frileuse pour attendre d’être dehors, attrapa son sac sur le siège passager et sortit du véhicule. Elle frissonna en sentant le froid l’atteindre et resserra son manteau pour échapper au courant d’air qui se formait facilement dans les petites rues. La brune inséra la clé dans la portière pour verrouiller l’auto et se crispa quand elle vit une ombre se projetait sur la carrosserie. Elle essaya de se rassurer, après tout le propriétaire de l’ombre pouvait être un marcheur nocturne tout comme elle et non pas un voleur, violeur en série dont les informations nous abreuvaient chaque jour.

La jeune femme respira rapidement et se retourna, rempli d’une fausse confiance en elle en espérant que ça tiendrait l’inconnu à distance. Mais ses yeux rencontrèrent une poitrine large, habillé d’un costume gris perle sous un manteau long noir en daim. Par réflexe, son regard remonta la silhouette et la demoiselle se retrouva face à des prunelles noires hypnotisantes, qui s’écroulèrent en un instant.

Perle resta figée, sous le choc, avant de finalement se remettre et de s’inquiéter pour l’homme qui s’était effondré devant elle. Tenant son trousseau de clé fermement dans une main, on ne sait jamais, elle s’abaissa à son niveau en lui parlant, puis avisa le silence qui lui répondait, pris son poignet à la recherche de son pouls. A première vue, rien sur sa personne n’indiquait qu’il soit blessé, mais la brune vit rapidement qu’il transpirait et que le battement de son cœur était filant. Le retournant comme il était conseillé pour ce genre de cas, elle se mit à tâter ses bras, ses jambes, sa tête et son torse.


Se faisant, elle poussa le manteau encombrant, découvrant par la même occasion que le beau costume était en fait troué, laissant voir les écorchures et blessures plus profondes qui attaquaient la peau mise à nue. Mais comment avait-il peu recevoir de telles plaies ? La jeune femme continua de parler afin de l’empêcher de tomber dans le coma.

- Monsieur. Quel âge avez-vous ? Comment êtes vous arrivez là ? Il ne faut pas dormir vous savez ? Il est encore trop tôt, la nuit nous attend. D’où est ce que vous venez comme ça ?
- Je… Vous… Regardez-moi.
- Oui oui, tout ce que vous voulez, mais on reste réveillé hein. »

Elle m’approcha un peu plus de son visage et replongea dans ses yeux fins aux paupières bridées. Ses iris sombres la fascinaient et elle cru les voir devenir mordorées un instant avant de se décider à le ramener chez elle le plus vite possible afin de le soigner. Perle lui proposa son bras pour qu’il prenne appui, ce qu’il fit sans se faire prier. Une fois l’homme debout, elle remarqua qu’il la dépassait d’une bonne tête, chose inhabituelle pour un asiatique et l’aida tant bien que mal à le faire marcher jusqu’à son immeuble.
La demoiselle fit le trajet comme un automate et se retrouva avec l’homme mystère dans son petit appartement, à l’aider à s’asseoir sur son canapé.

- Bougez pas de là, je vais chercher de quoi atténuer tout ça. En espérant que vous n’aurez pas besoin de plus.
- Je me sens déjà mieux. Laissez-moi juste me reposer un peu au chaud et je disparaîtrai de votre vie.
- Oh non ! Pas question. Vous vous reposez, je soigne tout… ça. Et encore plus de repos pour vous. Point final !

Elle ponctua sa phrase d’une grimace et ne perdit pas plus de temps pour foncer récupérer ce qui lui semblait utile dans la salle de bain. Armé de compresses, désinfectant, pansement et autre outils du même acabit, elle revint dans le salon pour trouver son inconnu à piquer du nez.

- Vous attendrez que j’ai fini de vérifier que vous n’ayez rien à la tête avant de dormir pour de bon.
- Plait-il ? 
- Racontez-moi plutôt comment vous vous êtes fait ça, pendant que je travaille.
- Comment puis je être sur que vous savez ce que vous faites ?
- Je travaille comme laborantine, je suis au courant de la réalisation des premiers soins.
- Comment ça ?


Pendant le dialogue Perle se mit à lui retirer son manteau, fit de même à la veste de son costume et ouvrit sa chemise. Installé à coté de lui, la jeune femme passa d’abord une serviette au préalablement humidifié pour retirer le sang écoulé et la transpiration, puis inspecta ensuite chaque partie de son corps qui s’avérait mutilé, en profitant pour mieux voir à qui elle avait affaire. Ses cheveux courts légèrement ébouriffés laissaient voir son visage ovale aux traits fins où de minces ridules laissaient penser qu’il avait passé la trentaine. Elles s’accentuaient à chaque fois que Perle passait un peu de désinfectant sur ses plaies, le faisant grimacer de douleur, creusant ses traits autour de ses yeux, laissant penser qu’il devait rire souvent en temps normal. Ses lèvres pleines, que n’importe quelle femme rêverait d’embrasser, étaient serrées et blanchies par l’effort de retenu qu’il réalisait. Le reste de son corps présentait des muscles finement dessiné, preuve d’un certain goût pour le sport de fond plutôt que de forme. Il devait passer un certain temps à courir dans la nature pour avoir des jambes si bien fuselées.
La jeune femme s’arrêta à cet instant, gênée de ses propres pensées. Après tout, elle avait un homme blessé chez elle et le matait ouvertement plutôt que de l’aider, où avait-elle la tête !
La brune finit rapidement ses soins, terminant par ses bras qui en premier lieu lui avaient semblé le moins touché.

- Vous avez de superbes ongles. On vous l’a déjà dit ?
 -Hein ?
- Non, non, non. Je ne vous ai pas permis de dormir, on se réveille.
- Vous avez bientôt fini ?
- Encore un râleur. Oui j’ai bientôt fini, mais j’aimerais bien que vous me disiez comment vous faites pour avoir de si beaux ongles quand même. J’ai beau essayé de les faire pousser, les miens se dédoublent tout le temps.
- C’est de famille, les notre sont résistants.
- Vous m’en direz tant. Voilà s’est terminé ! Levez-vous cinq petites minutes, que j’ouvre le canapé et puis vous pourrez dormir tranquille. 

Il hocha faiblement la tête, apparemment encore plus épuisé que lorsqu’il était venu la trouver, se leva et attendit en tanguant que le lit soit prêt. A peine avait-elle déplié le sofa, qu’il s’étala dessus et se mit à ronfler du même bruit que le chien de Perle faisait quand elle était petite. Etonnée par la chose, elle prit quand même la peine de finir de le mettre à l’aise, en enlevant ses chaussures, sa chemise une bonne fois pour toute et sa ceinture. Elle alla ensuite chercher une couverture pour qu’il ne prenne pas froid puis inspecta son travail.

- Mais pourquoi j’ai fait ça !

La raison venait de frapper à la porte de son esprit. Incapable de s’asseoir sur le canapé, vu qu’il était occupé, la jeune femme se mit à faire les cent pas dans le salon, tournant autour de la petite table, sans se soucier de son invité forcé.

- Je ne le connais pas, il est blessé. Si ça se trouve s’est un mafieux. Et puis pourquoi j’ai pas prévenu les secours ?! La police. Oui, faut prévenir que j’ai un inconnu chez moi, une fois qu’il sera en forme demain, il pourrait me cambrioler ou pire.

Elle s’arrêta de tourner, pris le combiné sur son socle, composa le 17 et se stoppa. Elle ne pouvait pas lancer l’appel, une force inconnue lui criait de ne prévenir personne, que s’était plus sur ainsi.

- C’est pas possible, après tout, il ne m’a rien fait à part demander de l’aide. Je sais ! Les papiers, avec ça je devrais avancer.

Fière de sa trouvaille, la brune annula le numéro et reposa le téléphone sur sa base, s’épousseta les mains sur mon jean dans un réflexe stupide, fit trois pas en direction du bureau où elle avait posé les affaires et se troubla quand elle ne les vit pas sur la chaise qui devait les lui présenter. Soit elle se trouvait plus fatiguée qu’elle ne le pensait, soit il y avait un problème quelque part. Se secouant les puces, la jeune femme fit le tour de la petite pièce, cherchant avec application des indices pouvant lui indiquer où se trouver manteau, veste, ceinture et chaussures. D’autant plus que le pardessus lui plaisait bien et qu’elle aurait bien voulu l’essayer tellement il avait l’air confortable. Ce n’est pas un crime d’aimer les belles choses, même quand elles ne sont pas prévues pour soi et très abîmées.
Après avoir regardé où elle était auparavant passée dans la soirée, la demoiselle chercha dans les coins improbables, à savoir sa chambre qui ne l’avait pas vu depuis la matinée quand elle s’était changé avant de partir au boulot, ou bien les placards qui ne lui révélèrent pas le trésor disparu.

- Mais c’est pas vrai qu’est ce que c’est que ce bordel ! Oh et puis après tout, c’est pas grave, je ne crains rien, tout est normal.

Sans s’en rendre compte, son état d’esprit fit un virage complet et elle passa sa soirée de manière habituelle. Préparation du repas, dîné, vaisselle, petit tour sur l’ordinateur pour vérifier ses mails, douche, enfilage de pyjama. Elle ne fit même pas attention à la zone de son canapé, jusqu’au moment où elle voulu se caler dedans pour bouquiner à l’aise avec un peu de musique en fond provenant de sa chaîne hifi.
La brune était allée prendre un roman de bit-lit dans sa bibliothèque, prêté par une collègue qui était fan de ce genre de récit, puis se dirigea vers le sofa avant de se rendre compte de la forme qui dormait dessus.

- Mon dieu ! Comment j’ai pu l’oublier celui-là ? C’est sur, je suis très fatiguée, faut que je pense à me prendre une paire de ces affreuses lunettes jaunes antireflet. Le blanc du laboratoire ne me fait pas du bien. Je fais quoi ? Je devrais vraiment appeler quelqu’un…

Elle se tourna pour aller vers son téléphone une nouvelle fois, quand elle entendit un glapissement venir de son homme mystère. La jeune femme oublia un instant son envie de demander secours, trop préoccupé par la santé de son malade. Patient qui se redressa d’un seul coup sur son lit, les yeux alertes, elle était même tenté de dire les oreilles aux aguets. Retenant un rire à cette idée, Perle se figea quand il se tourna vers elle et que son regard plongea une fois de plus dans ses yeux fascinants. Il tendit une main vers la demoiselle, elle se retrouva assise à ses côtés avant même de l’avoir réalisé, sa petite menotte dans sa grande paluche, à moitié captivé. Puis elle se reprit.

- Vous avez mal quelque part ? Je n’ai vu aucune bosse, mais il faut me dire si vous vous êtes cogné la tête ou pas.
- Non, rien de cela.
- Vous avez peut être faim. L’heure du dîner est déjà passé, je peux vous réchauffer quelque chose, ça vous fera du bien de prendre des forces.
- Je ne suis pas si mal en point que ça et je n’ai pas faim.
- Bon très bien. Il me reste qu’à vous souhaiter une bonne nuit alors, je serai dans ma chambre si vous avez besoin de moi.
- Hum.

Il lui sourit, mi charmeur, mi dormeur et dans une impulsion qui ne lui ressemblait pas, la jeune femme le pris dans ses bras pour le border. Elle resta un certain temps ainsi, incertaine de ce qu’elle  faisait vraiment, jusqu’à ce que l’information atteigne finalement son esprit et qu’elle s’éloigne de lui et le lâche. La brune se rendit alors compte qu’il s’était rendormi, un sourire apaisé accroché aux lèvres.
Épuisée sans savoir pourquoi, la demoiselle se leva et partie se coucher sans se poser plus de question, si ce n’est qu’elle aimerait bien entendre un peu plus sa voix suave, au doux accent qu’elle devinait japonais sans savoir comment.


Le soleil lui réchauffait le visage, chose qui ne lui était pas arrivé depuis un petit moment, vu que Perle se levait toujours avant lui ces derniers temps. Elle se figea mentalement, l’astre du jour devait être dans le ciel depuis un certain temps pour arriver jusqu’à son lit, mais quelle heure était-il ? Elle jeta un bras amorphe sur son réveil pour le tourner vers elle et avisa l’heure : 11H26. La brune relu plusieurs fois le cadran, ne croyant pas à ce qu’il me montrait et se souvient, juste avant de tomber en syncope, qu’elle était en congé aujourd’hui. Bien heureuse de sa chance, sans s’étonner plus sur les volets ouverts, ce qui changeait de son habitude, la jeune femme s’étira dans son lit un sourire aux lèvres avant de se lever de bon train, prête à profiter de cette journée au doux soleil.
Elle passa la porte menant au couloir et tomba sur un homme torse nu, aux multiples éraflures à peine visible. La jeune femme fronça les sourcils puis se souvient plus ou moins bien de la soirée d’hier. Ni une ni deux, ne laissant aucune chance à l’adversaire, elle lui prit le bras et le mena dans la salle de bain.

- On va voir comment cicatrice tout ça, maintenant que vous vous sentez mieux. Je préfère vérifier voir si je n’ai rien oublié.
- Ce n’est pas la peine, je vous assure. Je comptais juste vous laisser un mot et partir.
- Taratata, laisser moi être sur que mon patient à le droit de sortir.
- Non. Merci.

Sans se démonter, elle le poussa par à coup, sans qu’il ne s’en rende vraiment compte dans la pièce d’eau et alluma la lumière. L’éclairage en marche lui montra une baignoire étroite, un toilette, un lavabo surmonté d’une armoire à la façade miroité. C’est d’ailleurs la glace qui étonna la brune, placé en face de la porte, elle lui laissait voir son reflet ainsi que celui de son homme mystérieux, à ceci près que trois touches de fourrure se trouvaient entre eux.
Hébété, Perle y regarda de plus près, oscillant entre la réalité et l’écho visuel, pas très sur d’être bien réveillée finalement. Elle en était encore à se poser des questions quand l’individu s’ébroua en couinant, se battant contre un ennemi qui était invisible à son hôte. Il tourna la tête vers elle et tenta d’accaparer son regard, mais elle était tellement concentrée sur le miroir qu’elle lui passa devant sans y faire attention.

- Qu’est ce que c’est que ça ?

Elle pointait le reflet, en respirant profondément pour calma la peur qui montait en elle. Son invité trembla, du moins  c’est ce qu’elle cru, avant que l’homme qui lui faisait face ne devienne un renard à la fourrure blanc grise, aussi long qu’elle était grande. Fait encore plus étonnant, il ne possédait non pas une, mais trois queues qui tourbillonnaient, montrant l’état d’esprit de la créature qui, s’y Perle en jugeait sur son expérience avec son chien d’enfance devait être passablement énervé.
C’est dans ces cas là qu’on se rend compte que notre capacité à absorber les chocs est plus grande qu’on le croit. Loin de s’évanouir, la jeune femme se mit à relativiser et à chercher une explication logique à ce foutoir.

- Bon, on se calme, rien de tout ceci n’est réel, je dois toujours dormir. Je me disais bien aussi que le soleil qui me réveille en plein hiver s’était pas possible.
- C’est on ne peut plus vrai, et je vous prierai de sortir de cette salle pour que je puisse vous expliquer ce qu’il se passe.
- Oh, non, non, non homme… Vous êtes quoi d’ailleurs ? Et comment ça se fait que vous parlez !
- Un Yokaï-Kitsune.
- C’est quoi ce truc ?
- Je ne suis pas un truc, je fais partie d’une famille d’esprit puissant, messagers de la déesse Inari.

L’animal parlait sans bougeait les lèvres, à peine un sourire terrifiant étirait son museau quand la voix emplissait la pièce. Voix semblable à celle de l’homme qui se tenait à la même place quelques instants plutôt, un faible effet de réverbération en moins. Elle regarda le renard, la bouche ouverte d’étonnement, puis la referma en se rendant compte de la tête qu’elle offrait, elle voulu marcher un peu pour se détresser, mais la taille de la pièce et la présence de la créature dans l’embrasure de la porte limité grandement l’espace. Elle soupira, ne lâchant pas des yeux le canidé, mâchant ses lèvres à défaut de pouvoir bouger ses pieds comme elle l’entendait.  Le Yokaï pour sa part n’avait pas bougé, étudiant la jeune femme, ses queues brassant l’air, il attendait patiemment.

- Ecoutez, monsieur famille puissant esprit. Je n’ai aucune idée de qui est votre déesse, ni ce que vous êtes. Et à dire vrai, je suis à ça d’être sur de faire un rêve très étrange. Donc à moins de me prouver que tout ceci est vrai, sans me tuer, je vais faire comme si tout ça était normal.
- Très bien, laissez-moi vous le prouver alors.

Le démon se rapprocha d’elle, touchant presque son visage du bout du nez, quand la jeune femme ferma les yeux, sur d’être dévoré, elle les rouvrit pour découvrir un monde noir, rempli de petites flammèches volant dans l’air, semblable à des lucioles. Impressionné, elle essaya de toucher la source de lumière la plus proche d’elle, devenant une petite fille émerveillée. Se faisant, elle regarda ses mains, redevenues celle d’une enfant et surprise, elle inspecta le reste de son corps. Elle portait la robe préférée de ses 8 ans, rouge à pois noir, elle pensait être une coccinelle dedans. Ne pouvant retenir un petit cri de surprise, elle se boucha la bouche, ne reconnaissant plus la voix fluette qui était sorti de sa gorge. Perle se mit alors à rechercher une sortie, croyant plus que tout à un rêve extraordinaire. Elle aperçu la figure du renard, bien plus grand dans ce monde éthéré qu’il ne l’était dans sa salle de bain, couru vers lui et rouvrit les yeux pour lui faire face dans la salle carrelé de son appartement. Ébahie  la brune recula, tapant contre le rebord de la baignoire et s’y assise, perdue.

- Simple tour de passe-passe, alors quel est le rêve ? Ici ? Ou dans cet autre univers ?
- Je…. Je ne sais pas. Tout semble réel autant dans l’un que dans l’autre. Qu’est ce que vous m’avez fait ?!
- Les Yokaï-Kitsune dont je fais parti, ont un pouvoir hypnotique, peuvent créer des illusions entre autres choses.
- Tu t’en es servi sur moi ?
- Pourquoi crois-tu m’avoir ramené chez toi hier ?

Le renard lui sourit, Perle en était sur, de façon narquoise puis s’assit sur son arrière-train prenant ses aises comme si tout était normal. La jeune femme était soupçonneuse, que pouvait-il bien lui faire faire ? Néanmoins curieuse, elle ne peut s’empêcher d’en demander plus, prête à subir le retour de flamme s’il le fallait. Elle se redressa, poussé par le duel qui s’engageait entre elle et la mystérieuse créature, puis lui fit signe de changer de pièce. Ce serait plus agréable pour tous deux de discuter ailleurs que dans le couloir. Le canidé rit doucement, avant de s’éloigner de la porte, en direction du salon, suivit par Perle qui ne le quitta pas des yeux. Interdiction qu’elle le laisse filer sans lui avoir tout expliqué ! S’installant sur le canapé, elle regardait la bête de nouveau assise, fourrager sobrement le tapis aux poils longs, comme s’il en appréciait particulièrement la texture entre ses coussinets.

- Bon, maintenant que nous sommes bien installés, dites moi d’où vous venez et pourquoi vous étiez blessé hier. D’ailleurs, vos blessures paraissent avoir disparu.
- Je viens du Japon, de la préfecture de Shizuoka pour être précis.  J’ai été envoyé au loin comme une quête spirituelle de la part de ma famille et j’ai choisi de venir en France car ils semblent que beaucoup de japonais aiment ce pays. J’ai donc choisi de le découvrir également. Mais quand je suis arrivé, de faibles esprits malins se sont attaqués à moi, et j’ai découvert à la dur que les français sont loin de respectés les forces de la nature, me coupant l’herbe sous le pied et avec bien moins de force que dans mon pays natal je n’ai pas pu me défendre comme je le voulais.
- C’est donc de là d’où viennent vos blessures. Mais quand je vous ai trouvé, ou que vous m’avez trouvé peut importe, vous ne sembliez plus sous le joug d’une attaque quelconque.
- Je me suis enfui par les airs, volant le plus vite et le plus loin possible d’eux et me suis retrouvé, presque sans ressources dans votre rue. Vous êtes arrivée peu de temps après et comme j’avais besoin de repos, je vous ai demandé de me garder un peu.
- Donc si je résume, vous savez hypnotiser, illusionner, voler, devenir humain et vous guérissez ultra vite ?
- La dernière partie, se fait uniquement avec un peu d’aide. Je vous en remercie d’ailleurs.

Il se mit sur ses quatre pattes et sans que Perle n’arrive à voir comment, redevient l’homme d’une trentaine d’années aux cheveux ébouriffés affichant cette fois un sourire espiègle, réduisant ses yeux à une mince ligne de cils. Malgré ce qu’elle venait de vivre, la jeune femme ne put s’empêcher de rougir face à cette homme mur, il avait fait réapparaître son costume et son manteau, le rendant particulièrement classe et séduisant. Elle consentit seulement à partir de là à détourner les yeux, la silhouette humaine donnant une fausse impression de sécurité à Perle. La brunette se leva alors du canapé et alla dans la cuisine se servir un verre d’eau, elle n’avait après tout même pas pu se débarbouiller la figure avec tout ce remue-ménage.  Elle se mouilla aussi le visage, s’épongeant avec le chiffon propre posé à côté de l’évier, se faisant la réflexion que ce n’était pas très hygiénique, mais qu’importe elle avait besoin de se donner un coup de fouet.
Quand elle rapporta son attention sur le salon attenant à sa kitchenette, Perle fut inquiète, l’homme avait disparu. Elle le chercha dans la pièce, pour le trouver devant la porte d’entrée, prêt à sortir de l’appartement, comme un voleur. Elle ne lui laisserait pas ce plaisir, s’armant du torchon qu’elle tenait toujours, elle avança à grand pas jusqu’à lui.

- Où est ce que vous comptez aller comme ça ?
- Et bien, continuer ce que j’ai à faire. Merci pour votre hospitalité.
- Je fais quoi moi dans tout ça ?
- Rien du tout, vous continuez votre vie. Oubliant ce rêve éveillé.
- Hors de question ! Vous arrivez comme une fleur, me racontait vos histoires de pouvoirs spirituels et vous croyez sincèrement que je vais pouvoir continuer comme ci de rien n’était. D’ailleurs pourquoi vous êtes vous changez en premier lieu ?
- Le miroir, dans cette salle, il nous montre tel que nous sommes et annule nos pouvoirs de métamorphose.
- A vous voyez ! Maintenant je sais que les miroirs peuvent révéler la vraie forme des choses, pardon, des gens. Je pourrais pas m’empêcher de refléter les personnes qui me semblent bizarre.
- Faites comme vous voulez, cela ne me regarde plus.

Il s’avança vers elle, ouvrit les bras et Perle qui jusqu’alors le combattait de son regard effronté, triturant son torchon, se retrouva à sauter dans l’accolade en soupirant d’aise. Elle ne sut combien de temps passa, mais quand elle quitta la présence chaude et musqué de l’être, elle se sentit très fatiguée, comme après une intense séance de sport. Secouant la tête pour reprendre ses esprits, elle avisa le chiffon abandonné sur le sol et se baissa pour le récupérer.

- Qu’est ce que vous venez de faire exactement ?
- J’avais encore un peu besoin d’énergie avant de partir. Donc je me suis un peu servi et ainsi tu t’endormiras en croyant avoir rêvé tout ça.
- Saleté de profiteur monstrueux.
- Je suis un démon de plus de 300 ans après tout. Il est normal que je profite.
-  Je t’interdis de partir comme ça. Tu m’entends. Je te l’interdis.

Mais malgré sa verve, Perle sentait ses forces lui manquer, elle avait besoin de s’asseoir ou mieux, de s’allonger un instant. Ses jambes tremblaient, se contractant à intervalles irréguliers, rappelant à la jeune femme ses séances de jogging matinales, elle s’éloigna de la porte d’entrée, non pas s’en avoir attrapait un pan de manteau de l’homme l’attira jusqu’au canapé toujours déplié avec elle. Le Yokaï s’amusant de la situation se laissa faire, il aida même la brune à s’installer confortablement sur le lit, la bordant avec application comme elle l’avait fait pour lui la veille. Il tenta de se relever, mais Perle ne lâchait pas sa prise, se battant de toutes ses forces pour garder sa main fermée tandis que ses yeux, eux, le faisaient tout seuls. Souriant de plus belle, le renard réapparut à la place de l’homme, laissant la poigne de la jeune femme serrer des poils gris à la place du vêtement, ce qui fit grogner cette dernière. Elle cessa de pester quand l’animal se coucha près d’elle, se lovant contre son corps, lui rappela encore une fois sa jeunesse, quand son chien dormait contre elle, partageant sa chaleur. Vaincu par la nostalgie, le bien-être et la confiance qui montait en elle, Perle s’endormit.


S’étirant de tout son long, profitant de l’état entre le sommeil et l’éveil, Perle bailla pour permettre à son cerveau de se réveiller totalement. Elle se sentait bien, sa sieste avait été vivifiante, s’est là que les choses dérapèrent, depuis quand faisait elle des siestes ? Bondissant de son lit, elle se demanda comment elle avait fini dedans, revisitant la soirée et la journée, elle regarda son réveil qui affichait quinze heures passées. Ne cherchant pas plus loin, elle fila dans le salon prête à le découvrir vide de toute présence, se fut le cas. La pièce était désespérément vide, le meuble transformable remis en état de canapé, prêt à accueillir une soirée entre ami, les couvertures qu’elle avait sorties rangées à leurs places, elles sentaient le propre et la lessive, comme si elles n’avaient pas servies.  Elle se mit alors à faire le tour de son logis, à l’affût d’une preuve, n’importe quelle preuve, que l’homme devenant un renard géant à trois queues, n’était pas un rêve. Son esprit logique avait d’abord rejeté ces foutaises, mais à présent, elle ne voulait qu’une seule chose que tout soit vrai.
La jeune femme s’effondra sur la chaise de son bureau, les larmes lui venant aux yeux, amères, elle se sentait tout à coup bien seule dans son appartement trop grand pour elle. Balaya les traces salées avec sa manche, elle s’aperçut qu’elle était toujours en pyjama et décida de prendre une douche suivit d’un copieux quatre heures, son estomac se rappelant à elle. Entrant dans la salle d’eau, elle se figea, se souvenant  de sa découverte il y a à peine quelques heures auparavant. Avant de se remettre à pleurer, elle se déshabilla, entra dans la baignoire et fit couler l’eau.

- Je vais te retrouver, Monsieur renard mystère. Je te le jure !

Perle avait prévu un plan sur le moyen terme.
Après sa douche, elle avait consulté internet, cherchant si les Yokaï-Kitsune existaient et ce qu’on disait sur eux. Elle fut convaincue de n’avoir pas rêvé quand elle découvrit les légendes à leurs propos, ça collait exactement avec son supposé songe. Comme elle ne connaissait rien du folklore japonais, son esprit n’aurait pas pu lui jouer une vision si parfaite.

Quelques semaines plus tard, elle se rendit compte avec beaucoup de peine, que depuis lors les chiens se méfiaient d’elle. Elle rendait visite à ses parents qui possédaient un teckel  qui l’avait toujours adoré, mais celui-ci lui grogna dessus pour la première fois et ne voulu plus l’approcher les fois suivantes. Troublée par ces incidents, elle remarqua pour de bon que les canidés la fuyaient, tout en restant sur leurs gardes, crocs en avant et oreilles en arrière.
Son plan donc fut mis sur pied, elle s’inscrivit à plusieurs stages et formation, proposa ses services pour des échanges entre pays, apprit le japonais. Elle se battu deux ans et demi, mais fini par arriver à se faire muter au pays du soleil levant. La jeune femme avait même poussé sa chance si loin, que son affectation prenait lieu dans la préfecture de Shizuoka, heureusement pour elle, son esprit avait enregistré des informations bien utiles du discours de la créature. Certes, l’hôpital dans lequel elle officierait désormais était bien petit, de seconde zone on pouvait dire, mais elle s’en fichait, trop obnubilé par cet être qui lui avait réchauffé le cœur.

Quand elle vérifia son emplacement sur la carte qu’elle avait acheté, elle fut ravie de découvrir que la ville qui l’accueillerait se trouver au nord de la préfecture, toute proche de la forêt « magique » qui était emplie d’être spirituel. 
Bagage en main, elle s’embarqua dans son voyage, parcouru la moitié de la planète, enchaîna l’avion, le train et le bus pour finalement arriver dans son nouveau chez elle. Elle le retrouverait, qu’importe le temps et l’énergie qu’elle devrait user, elle le retrouverait et surtout, elle apprendrait son nom une bonne fois pour toute !

 


Une suite ?